Alexis de Tocqueville - Cadernos de viagem

 


«[S]i je vais plus loin encore, et que, parmi ces traits divers, je cherche le principal et celui qui peut résumer presque touts les autres, je découvre que, dans la plupart des opérations de l'esprit, chaque Américain n'en appelle qu'à l'effort individuel de sa raison. L'Amérique est donc l'un des pays du monde où l'on étudie le moins et où l'on suit le mieux les préceptes de Descartes. Cela ne doit pas surprendre.»

«Les passions qui agitent le plus profondément les Américains sont des passions commerciales et non des passions politiques, ou plutôt ils transportent dans la politique des habitudes du négoce. Ils aiment l'ordre, sans lequel les affaires ne sauraient prospérer, et ils prisent particulièrement la regularité des moeurs, qui fonde les bonnes maisons; ils préfèrent le bons sens qui crée les grandes fortunes au génie que souvent les dissipe; les idées générales effraient leurs esprits accoutumés aux calculs positifs, et parmi eux, la pratique est plus en honneurs que la théorie.»

«Ce n'est pas qu'aux États-Unis comme ailleurs il n'y ait des riches; je ne connais même pas de pays où l'amour de l'argent tienne une plus large place dans le coeur de l'homme et où l'on professe um mépris plus profond pour la théorie de l'égalité permanente des biens. Mais la fortune y circule avec une incroyable rapidité, et l'expérience apprend qu'il est rare de voir deux générations en recueillir les faveurs.» 

Nicolas Baverez, "Le Monde selon Tocqueville - Combats pour la liberté", Éditions Tallandier, 2021, p.82-83  

      

Sem comentários:

Enviar um comentário